Les déchets périphériques grands oubliés des métropoles

La question des déchets en général, et des ordures ménagères en particulier, de leur collecte, de leur recyclage et de leur traitement, enjeu à la fois local et national, a été singulièrement absente des brefs débats des élections législatives récentes. Pourtant, aucun  sujet n'associe ausi étroitement urgence environnementale et urgence sociale.

Car c'est bien le service public le plus universel qui soit. Il restait donc étrange jusqu'à présent que même ceux qui se battent  vaillamment pour "la valeur de service public" (2021) l'aient aussi manifestement ignoré . Dans le programme du Nouveau Front Populaire (juin 2024), s'il est bien question de "réparation des services publics", dans la liste celui des déchets ne figure toujours pas. Depuis des décennies, toutes les autres forces politiques sont restées muettes sur le sujet, s'en remettant aveuglément à l'éco-technocratie verte en place (depuis l'ADEME jusqu'aux intercommunalités) qui règle dans l'opacité les questions au prix de l'amoindrissement du service rendu et d'envol exponentiel des factures aux usagers.

Il se confirme aussi que les deux modes de collecte en vigueur recoupent parfaitement le clivage métropoles/périphéries que la cartographie des votes récents a reconfirmée s'il était besoin. Si les métropoles sont à la TEOM (taxe d'enlèvement des ordures ménagères), la "France périphérique", périrubaine et rurale, est, au moins partiellement, passée depuis les années 2010 à la "redevance incitative". L'unique métropole qui s'y soit risquée, Grenoble,  vient d'y renoncer (Déchets infos du 10 juillet 2024). Nantes métropole annonce qu'elle pourrait bien être étudiée, en réponse à la fronde locale qui s'exprime contre son projet de Pôle d'écologie urbaine. Globalement, la gestion des ordures défaille de plus en plus fréquemment et suscite de plus en plus de colères jusqu'à présent dispersées. 

Du côté des usagers les colères ne contestent trop souvent que certaines modalités seulement de la collecte. Comme l'abandon du PAP (porte-à-porte) au profit des PAV (points d'apport volontaires) en Dordogne. Mais le problème est devenu autrement plus vaste et complexe. Du côté des salariés, les grèves des chauffeurs-rippeurs se multiplient : contre la précarisation salariale et  la dégradation de leurs conditions de travail. Non plus seulement à Marseille (mai 2024), mais également dans la Somme, à Abbeville, où une grève de 10 jours vient de s'achever par une victoire salariale des éboueurs. F.Ruffin, député NFP réélu, leur a apporté par trois fois son soutien.

Nul doute qu'à la prochaine échéance électorale qui sera celle des élections locales, municipales et "communautaires", de 2026, la question des déchets devra avoir toute la place, écologique, sociale et politique qu'elle mérite.

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