"L'écologie politique", un "totalitarisme vert" pas si cool

L'auteur, Marc Viellard, ne s'en cache pas : son livre est un "pamphlet". Et il en a bien les caractéristiques. Il ne ménage ni ses mots, ni les personnes. Il propose d'abord un examen critique des thèmes récurrents de l'écologie politique contemporaine : anti-Lumières, malthusianisme, millénarisme catastrophiste, peurs, culte de la Terre-Mère Gaïa, survivalisme. Avec, ensuite, une galerie de portrait des personnalités qui se réfèrent et se réclament, d'une façon ou d'une autre, de cette idéologie. Les plus emblématiques - Sandrine Rousseau, Aurélien Barrau, Yves Cochet,  Jean-Marc Jancovici, etc.- en prennent pour leur grade de gourous en vogue. C'est justifié - citations à l'appui - et assez salutaire. Il retrace, enfin, une archéologie des grands moments d'incarnation historique de l'idéologie "verte", toujours au nom du "retour à la Nature" : Allemagne nazie, Pol Pot, l'État pétainiste de Vichy : "La terre, elle, ne ment pas" !

Agréablement écrit : sans formalisme, en 120 pages, avec des exemples, des citations parlantes, clairement construit, le livre se lit facilement. Il met en évidence ce paradoxe permanent : comment une idéologie tellement omniprésente, hyper-médiatisée, qui semble triompher et dominer, n'obtient que de si piètres résultats électoraux ? On le verra encore le 9 juin.

Le livre vient à point nommé. Il est salutaire et bénéfique. Premier signe d'une saine réaction qui n'aura que trop tardé. Au moment même où la totalité des politiques publiques, inspirées par les imprécations et injonctions écologistes ("décarbonation", "urgence climatique", énergétiques, démographiques, sociétales), à toutes les échelles (UE/GIEC, UE/"Green deal", collectivités/plans climat, etc), suscitent plus incompréhension et indifférence que consensus large et adhésion réelle. Et commencent même à susciter questionnements et réserves, voire un ras-le-bol fiscal et quelques soubressauts de colère.

Deux remarques :

1) Dans sa critique, il recule néanmoins, comme beaucoup, face à la moindre suspicion possible de "climato-scepticisme" : s'en défendant d'abord (p.7), plus nuancé ensuite (à propos de "l'éco-anxiété" génèrée par la terreur climatique débridée). Alors que le "climat" constitue, incontestablement, la pierre de touche commune de toute l'écologie politique dans ses diverses variantes. Et, bien au-delà, de la presque totalité de l'éventail politique, principalement à gauche. 

2) Parlant de la "tentation vert-brune" (sous-titre), il n'aborde pas le basculement concomittant du "rouge au vert" de la gauche, même la plus radicale, depuis plusieurs décennies. En laissant à l'écart - mais ce n'est pas son sujet - toutes les tentatives actuellement en cours de "verdir le marxisme", au nom de "l'écosocialisme". Une autre déclinaison,  certes moins spectacularisée, du "totalitarisme vert", cette fois théorique et philosophique : Alain Liepietz (Ecosocialisme, 2011) John Bellamy Foster (Marx écologiste, 2015), Kohei Saito (Marx in the Anthropocene, 2023), ... Or, comment un marxisme lui-même enverdi, pourrait-il être un contre-feu efficace au déploiement de cette  idéologie verte, ici débusquée par Marc Viellard. Au final, une croyance rétrograde, comme il le souligne, maïs dont on a pourtant encore vu que les premiers effets concrets et dégâts durables ?

Marc Viellard, Écologie politique et totalitarisme vert !, La tentation vert-brune contre le progrès, Ed. du Petit Pavé, 2024, 120 p. 12€.



Commentaires