Ce livre traite à l’évidence de réalités en grande partie vérifiables dans la Métropole Nantaise et dans la communauté de communes de Loire et Sillon. Résidentialité, consumérisme, entre-soi, clubbisation, apolitisme, exclusivisme scolaire, autant de problématiques qui nous concernent.
Il souligne d’abord que les villes s’étendent de plus en plus et aspirent dans leurs orbites des centaines de communes qui, de rurales, deviennent "périurbaines". Restant faiblement peuplées, ces communes conservent pourtant l’essentiel de leur environnement agricole et "naturel". Un tel émiettement des agglomérations pose des problèmes nouveaux pour le gouvernement des villes et la solidarité entre les citadins. Avec cette périurbanisation, le peuplement des communes se fait en effet plus homogène – avec pourtant une mixité sociale de facto - et leur fonctionnement quotidien s’apparente à celui d’un "club" résidentiel. D’où le néologisme de "clubbisation" qu’avance l’auteur, pas très heureux mais parlant, pour désigner le phénomène qui rattache des communes à une métropole tout en prédisposant ses habitants au modèle de l’entre-soi. La clubbisation est donc le concept pour penser la territorialisation résidentielle. Pour lui, la tendance générale de ce changement dans le rapport à l’environnement local est claire : « le rapport à la commune et à la municipalité relève de plus en plus du consumérisme ».
Il souligne d’abord que les villes s’étendent de plus en plus et aspirent dans leurs orbites des centaines de communes qui, de rurales, deviennent "périurbaines". Restant faiblement peuplées, ces communes conservent pourtant l’essentiel de leur environnement agricole et "naturel". Un tel émiettement des agglomérations pose des problèmes nouveaux pour le gouvernement des villes et la solidarité entre les citadins. Avec cette périurbanisation, le peuplement des communes se fait en effet plus homogène – avec pourtant une mixité sociale de facto - et leur fonctionnement quotidien s’apparente à celui d’un "club" résidentiel. D’où le néologisme de "clubbisation" qu’avance l’auteur, pas très heureux mais parlant, pour désigner le phénomène qui rattache des communes à une métropole tout en prédisposant ses habitants au modèle de l’entre-soi. La clubbisation est donc le concept pour penser la territorialisation résidentielle. Pour lui, la tendance générale de ce changement dans le rapport à l’environnement local est claire : « le rapport à la commune et à la municipalité relève de plus en plus du consumérisme ».
La résidentialité induit souvent une relation apolitique à la commune. Dans ces petites communes de la périurbanisation, il y a généralement peu de débats d’ordre politique : « La plupart des maires sont sans étiquette et veulent rester libres de toute accointance partisane ». Le discours tenu est : « les enjeux dans notre commune ne sont ni de droite ni de gauche », et les conseils municipaux sont « ouverts à toutes les bonnes volontés ». Ces élus recherchent le consensus le plus large. Pour autant, souligne l’auteur, « l’apolitisme n’est qu’apparent et résulte non pas d’une convergence d’intérêts, mais d’une relative déconnexion des enjeux politiques propres à la commune et des enjeux politiques extérieurs ». Si dans les petites communes la diversité d’opinions politiques a peu de prise sur les enjeux locaux, dans la commune centre, « sa mise entre parenthèses est plus difficile ». Face aux demandes de développement commercial, le conseil municipal doit débattre de l’avenir de la commune. Avec l’entrée dans une logique de centralité, la relation de la commune avec ses habitants change de registre : « on s’éloigne du groupe social constitué par des intérêts partagés, pour se rapprocher du groupe animé par des intérêts divergents ».
Mais la plupart des communes périurbaines virent surtout aux clubs résidentiels. Au nom des aménités du paysage ("poumon vert") et des qualités sociales du peuplement, elles pratiquent un "urbanisme exclusif", très réticent vis à vis des logements sociaux. Elles disposent d’ailleurs d’un contrôle sur leur production : ils n’apparaissent pas spontanément et nécessitent un engagement politique local. Ce qui est rare dans les communes périurbaines et plus encore dans les communes résidentielles.
Un chapitre vise à montrer que la carte scolaire peut également contribuer à la clubbisation, jusqu’à l’"exclusivisme scolaire". Dans ces communes, maillons élémentaires de la carte scolaire, les élus se mobilisent pour une école placée au cœur des clubs périurbains, s’ajoutant aux inégalités accentuées en équipements parascolaires. Avec « l’étanchéité des limites qu’elle trace », la carte scolaire peut faire « des établissements [écoles et collèges] des espaces plus ou moins exclusifs dont le ticket d’entrée est exprimé par les valeurs immobilières ». Cette « clubbisation des établissements n’est pas simplement produite par l’agrégation des tactiques individuelles de contournement de la carte scolaire ». Il ne s’agit pas d’un effet pervers non voulu, mais bien « d’un usage politique conscient pour apparier ou séparer les populations ».
Le problème de la cohésion entre communes périurbaines et villes centres est donc posé. Selon l’auteur, les SCOT (schémas de cohérence territoriale) défendraient paradoxalement les intérêts périurbains – ce qui n’est pas nécessairement le cas pour celui de Nantes-Saint-Nazaire - et les communautés de communes périphériques renforcent la clubbisation, ce qui semble plus exact. « Avec la périurbanisation, les ensembles métropolitains sont plongés dans un état de relative anomie, des communes de l’espace rural s’intégrant aux métropoles sans que ces nouveaux liens fonctionnels se doublent de liens moraux et institutionnels ad hoc »
Avec ce livre le débat sur les formes et les conséquences de cette "clubbisation" périurbaine est donc ouvert. Mais selon l’auteur, « reste à savoir où il peut se tenir et s’il y a un désir de le tenir ». Il met en évidence que l’"interterritorialité" (M.Vanier) « peut répondre à cette exigence. Il reste à la mettre à l’épreuve des faits ».
Eric Charmes, "La ville émiettée", Ed. PUF, 2011, 288 p., 14 €
Commentaires
Enregistrer un commentaire