La périurbanisation menace-t-elle la cohésion sociale et les territoires ? Pas en tant que telle, répond le géographe Martin Vanier, mais parce que nous ne voulons pas voir sa réalité et donc pas construire de projets pour la rendre acceptable.
Martin Vanier, géographe, est professeur à l'Institut de géographie alpine de l'Université Joseph Fournier - Grenoble I. Ses travaux de recherche portent sur la métropolisation, l'aménagement du territoire et la prospective territoriale.
Pourquoi la périurbanisation est-elle une question qui enfle ?
Cela fait quarante ans que cette question ne trouve pas de réponse, quels que soient les efforts techniques, financiers, conceptuels développés. La périurbanisation a démarré dans les années soixante : de très gros efforts ont été faits pour trouver des réponses pour la contenir. Le paradoxe, c'est qu'alors que les résultats n'ont jamais confirmé les espérances, le Grenelle de l'environnement est venu réaffirmer une doctrine publique sur la nécessité de mettre fin à la périurbanisation. La contradiction entre l'absence de résultats et une nouvelle incantation, dans un moment de forte mobilisation environnementale, débouche sur un discours simpliste et peu efficace.
Pourquoi ce discours est-il simpliste ?
Qu'il soit peu efficace, je n'ai pas besoin le démontrer : il suffit de constater ce qui continue à alimenter une périurbanisation en profondeur, toujours plus éloignée des agglomérations. Mais il est simpliste de dire que le phénomène est, en tant que tel, porteur des dérèglements qu'on lui attribue. Ça n'est pas la périurbanisation elle-même qui est responsable de ces catastrophes : on pourrait très bien trouver des réponses à ces défis dans le même système périurbanisé et dédensifié On pourrait maintenir l'agriculture, limiter les émissions de gaz à effet de serre, éviter la ségrégation sociale... dans une société qui se desserre et occupe harmonieusement l'espace.
Si ces problèmes pouvaient être évités en exploitant le même espace, pourquoi les rencontre-t-on ?
La périurbanisation existe parce que nous la produisons, par toute une série d'autres décisions publiques et privées entremêlées, qui accompagnent la société dans sa demande d'espace mais qui, dans le même temps, ne reconnaissent pas cette réalité : des politiques publiques d'accès à la propriété, un système public et privé de développement automobile et routier, l'organisation de la grande distribution commerciale... Nous sommes en train de densifier des espaces ruraux de plus en plus lointains des pôles de création de richesse et d'emplois et nous n'entendons pas les discours qui s'opposent à ces manières de faire. Dans ces conditions, il est très difficile de saisir le phénomène et d'adopter des projets pour mieux faire... Nous sommes dans une production honteuse, regrettée, mais éternellement recommencée.
Cela fait quarante ans que cette question ne trouve pas de réponse, quels que soient les efforts techniques, financiers, conceptuels développés. La périurbanisation a démarré dans les années soixante : de très gros efforts ont été faits pour trouver des réponses pour la contenir. Le paradoxe, c'est qu'alors que les résultats n'ont jamais confirmé les espérances, le Grenelle de l'environnement est venu réaffirmer une doctrine publique sur la nécessité de mettre fin à la périurbanisation. La contradiction entre l'absence de résultats et une nouvelle incantation, dans un moment de forte mobilisation environnementale, débouche sur un discours simpliste et peu efficace.
Pourquoi ce discours est-il simpliste ?
Qu'il soit peu efficace, je n'ai pas besoin le démontrer : il suffit de constater ce qui continue à alimenter une périurbanisation en profondeur, toujours plus éloignée des agglomérations. Mais il est simpliste de dire que le phénomène est, en tant que tel, porteur des dérèglements qu'on lui attribue. Ça n'est pas la périurbanisation elle-même qui est responsable de ces catastrophes : on pourrait très bien trouver des réponses à ces défis dans le même système périurbanisé et dédensifié On pourrait maintenir l'agriculture, limiter les émissions de gaz à effet de serre, éviter la ségrégation sociale... dans une société qui se desserre et occupe harmonieusement l'espace.
Si ces problèmes pouvaient être évités en exploitant le même espace, pourquoi les rencontre-t-on ?
La périurbanisation existe parce que nous la produisons, par toute une série d'autres décisions publiques et privées entremêlées, qui accompagnent la société dans sa demande d'espace mais qui, dans le même temps, ne reconnaissent pas cette réalité : des politiques publiques d'accès à la propriété, un système public et privé de développement automobile et routier, l'organisation de la grande distribution commerciale... Nous sommes en train de densifier des espaces ruraux de plus en plus lointains des pôles de création de richesse et d'emplois et nous n'entendons pas les discours qui s'opposent à ces manières de faire. Dans ces conditions, il est très difficile de saisir le phénomène et d'adopter des projets pour mieux faire... Nous sommes dans une production honteuse, regrettée, mais éternellement recommencée.
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